Le « Christmas Cake » me semble un bel hommage à cette idée de rassembler, de réunir, de juxtaposer et de faire s’enrichir de la différence. De la famille des « fruit cakes », c’est ainsi un mélange de fruits secs, d’amandes, de brandy, de farine, de sucre, de beurre et d’épices. Ce riche et joyeux mélange le rend particulièrement goûteux, d’autant qu’il est préparé plusieurs semaines avant l’événement, de sorte que les saveurs se développement et se mélangent harmonieusement…
Le parallèle avec nos considérations professionnelles s’arrête là, tant il est frappant dans notre réalité quotidienne de voir opposés des éléments qui gagneraient néanmoins à venir s’enrichir, se compléter, s’éclairer mutuellement. Ainsi, notre vocabulaire comporte nombre de formulations qui illustrent élégamment cette propension à l’opposition qui nous anime spontanément… : « Je te demande cette chose, mais je voudrais aussi que tu réussisses à obtenir cette autre chose ! ». « Je suis disponible pour ce projet-ci ; par contre, pas pour ce projet-là… ».
Il est si rassurant de disposer les choses, les événements, les idées, les personnes… dans des cases disjointes, clairement séparées, et de les considérer de manière distincte et individualisée, approche cartésienne qui clarifie l’analyse des éléments du système, et du même coup nous dispense d’en considérer les interactions. Or, c’est précisément dans ces interactions que réside l’énergie du système, dans la confrontation constructive des différences qui lui permettent de s’adapter et d’évoluer.
Un précédent billet évoquait la pensée systémique développée déjà par Léonard de Vinci (« Le génie de Léonard de Vinci pour 2013), qui cherchait sans cesse des rapports entre des éléments disparates (les nuages, le vol d’un oiseau, un paysage…) qu’il combinait pour créer de nouvelles idées, ressort fondamental de la créativité. C’est ainsi qu’il a su développer une pensée fluide et adaptative, qui crée des liens et lance des passerelles entre tous les domaines.
Ainsi, pour vous convaincre plus concrètement que « Tout est dans tout…! », tentez l’expérience de remplacer tous vos « MAIS » par des « ET ». Justaposez, ajoutez, cumulez… « Fromage et Dessert ! » : puisque c’est bientôt Noël, pour une fois, accordez-vous les deux ! Et témoignez le même intérêt et la même qualité d’attention à cette autre chose en apparence étrangère à la situation, extérieure au problème… Et si c’était en allant à a rencontre de cette autre réalité que la solution se faisait jour… ?
Il est aisé de faire le lien avec l’idée des « croyances limitantes » évoquées dans un autre précédent billet (« Avec ou sans lunettes »), garde-fou érigé pour nous rassurer au sein d’une réalité clairement balisée, au travers de convictions qui nous disent que c’est « toujours comme ça que ça se passe », ou encore que « ça ne marchera jamais pour moi ». Une autre manière d’opposer des réalités destinées à ne jamais se rencontrer, tant la remise en cause de leurs frontières serait déstabilisante… !
De la différence naît la richesse… En matière de recherche d’emploi, les profils atypiques en sont un exemple parlant, et les profils à multiple compétences tout autant. Ingénieur-gestionnaire, sportif-chef de projet, artiste-organisateur d’événement : en l’occurrence, il s’agit bien d’assumer pleinement chacune des facettes dans toute sa richesse pour faire jouer la complémentarité à pleine puissance… La rencontre des deux mondes peut alors se faire de manière constructive, non sans confrontation, en toute curiosité et en toute bienveillance…
Les disciplines orientales et méditatives nous apportent du reste un exemple encore plus concret de cette curiosité pour « l’autre monde », l’autre partie de nous-même qui gagne à être accueillie, découverte, écoutée… Ainsi, les techniques de « respiration alternée » du yoga (une narine après l’autre) visent à harmoniser les côtés gauche et droit du corps, tandis que d’autres exercices méditatifs aspirent à « faire dialoguer » l’avant et l’arrière du corps.
Enfin, substituer le ET au OU permet également d’enrichir la réflexion, en acceptant d’intégrer dans notre réflexion la multiplicité des chemins possibles pour atteindre une même destination. Réussir à atteindre la sortie du labyrinthe se fera pour certains en trouvant le chemin le plus rationnel par le dédale de couloirs, pour d’autres en passant au travers des murs, pour d’autres encore en volant au-dessus de ces derniers… L’important est bien d’arriver à destination, que ce soit en mobilisant le plan A, le plan B, voire même le plan C. Ainsi, se convaincre qu’il existe plusieurs alternatives réduit considérablement notre anxiété, et contribue à nous rendre encore plus réceptif à de nouvelles options… Il est alors tellement plus aisé d’engager la première action, de faire le premier pas vers notre objectif, quel que soit le chemin choisi… !
Et paradoxalement, c’est lorsque je sais disposer de plusieurs possibilités que je n’ai finalement besoin d’en mobiliser qu’une seule pour réussir ! De même qu’après le fromage, parfois, je n’ai plus vraiment faim pour le dessert… Et du reste, qu’importe… : l’essentiel est bien le plaisir d’avoir fait un bon repas, n’est-ce pas ?
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